Les cookies tiers ne disparaîtront finalement pas avant deux ans. Sous la pression des entreprises et des autorités de la concurrence, Google repousse pour la 2e fois l’échéance, cette fois de 18 mois. Objectif : prolonger les tests de sa solution de remplacement, la Privacy Sandbox. (Photo Planning de disponibilité des API de la Privacy Sandbox)
Les cookies font de la résistance. Difficile pour Google de s’en débarrasser aussi facilement qu’il ne le pensait. Fin juillet, au cœur des vacances, il a décidé de leur offrir un nouveau et long sursis de 18 mois et de les conserver finalement jusqu’à mi-2024. La justification ? La nécessité pour lui de tester davantage la Privacy Sandbox, sa solution de remplacement. Derrière cette décision, la pression des entreprises utilisatrices et l’œil vigilant des autorités de la concurrence.
C’est Anthony Chavez, VP Product Management Google, responsable de la Privacy Sandbox, qui a annoncé ce report dans un article de blog le 27 juillet dernier. Il y explique avoir « travaillé en étroite collaboration avec des développeurs, des éditeurs, des spécialistes du marketing, des autorités de régulation avec des forums comme le W3C ». Il confirme par ailleurs que Google a conclu en début d’année « un accord avec l’Autorité des marchés et de la concurrence du Royaume-Uni (CMA) concernant le développement et le lancement de la Privacy Sandbox sur Chrome dans le monde entier. » Cet engagement prévoit entre autres de laisser les parties prenantes tester la Privacy Sandbox plus longtemps que prévu.
Extension des tests des API à des millions d’utilisateurs
Il y a un an, Google avait déjà prolongé la durée de vie des cookies de plusieurs mois, pour des raisons similaires. Les développeurs accédaient déjà aux API de la solution, mais depuis ce mois d’août, les tests de Privacy Sandbox sont « étendus à des millions d’utilisateurs dans le monde, puis [Google accroîtra] progressivement cette population test durant le reste de l’année et jusqu’en 2023. » Les API seront déployées sur Chrome d’ici au troisième trimestre 2023, pour préparer la fin des cookies.
Si Google met en avant le respect de la vie privée de ses utilisateurs en signant l’arrêt de mort des cookies, sa Sandbox est loin de faire l’unanimité. Elle avait soulevé le tollé de sa concurrence qui le soupçonnait de prioriser ses intérêts et réveillé l’intérêt de plusieurs autorités de la concurrence. Preuve de l’impact de la protestation, l’article de blog d’Anthony Chavez cite d’ailleurs plusieurs acteurs comme Criteo qui avaient fortement critiqué la Sandbox et semblent désormais satisfaits de la décision de report de la fin des cookies. Mais la Privacy Sandbox repose sur la récolte d’informations sur le comportement de cohortes d’utilisateurs, et non sur des données individuelles, pour le ciblage publicitaire et marketing. Une solution complexe pour les nombreuses entreprises dont le marketing s’appuie principalement sur l’exploitation des cookies. Et ce sont elles qui ont réclamé un long délai supplémentaire.
Emmanuelle Delsol
