Le géant californien a lancé depuis quelques jours une app Web et Android de curation très inspirée visuellement et fonctionnellement de Pinterest. À la différence près que Google y ajoute toute son expertise en IA. (Capture Google Keen)
Google propose désormais sur Android et en format Web une nouvelle fonction à l’aspect visuel et au fonctionnement très inspirés de la métaphore du tableau mural imaginée par Pinterest. Keen se présente bel et bien comme un ensemble de tableaux sur lesquels l’internaute peut épingler des liens, des images, voire des contenus qu’il a créés, autour d’un même thème, et qu’il souhaite conserver ou partager. À ceci près que les punaises ont ici la forme d’un diamant. Mais contrairement à Pinterest qui propose des images semblables à celles retenues par ses utilisateurs, le machine learning derrière Keen devrait, au fil de son apprentissage, suggérer à l’internaute des thématiques ou des contenus ciblés sur ces centres d’intérêt, des expressions clés pour lancer des recherches connexes, etc. Le Californien précise s’appuyer sur l’indexation de Google Search combine avec les retours des utilisateurs pour produire des recommandations personnalisées.
Que vient faire Google sur les platebandes du très discret Pinterest ?
Préparation d’un voyage, réflexion sur un projet de décoration d’intérieur, astuces de jardinage, revue de Web, etc. C’est bien avec ce type de collections que Pinterest a démarré, avant de trouver un business model avec ses inscrits les plus actifs. Ceux-ci se font influenceurs pour des entreprises ou des marques, voire vendent directement dans l’app. Certaines entreprises se servent aussi de Pinterest pour véhiculer un univers de marque sans forcément avoir recours à une démarche commerciale.
Que vient faire Google sur les platebandes du très discret Pinterest ? Son objectif affiché serait d’aider le commun des internautes à optimiser son temps passé sur le Web sur un sujet particulier. Gageons que ce n’est pas tout et que la réussite de Pinterest, qui a fini par monétiser sa plateforme, inspire aussi le géant californien, qui cherche à en faire une version bardée d’IA. Selon Hootsuite, Pinterest comptait 335 millions d’utilisateurs mensuels, donc plus de la moitié actifs chaque semaine. Le réseau a gagné 70 millions de nouveaux adeptes en un an et surtout, affiche un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros en 2019, en croissance de 50% par rapport à 2018. Des revenus que Pinterest attribue à l’augmentation de la demande provenant de nouveaux annonceurs et à ses nouvelles solutions d’optimisation du taux de conversion sur sa plateforme.
Une collaboration entre le lab expérimental Aera 120 et l’équipe IA de Pair
D’autres se sont essayés avant Google à la curation améliorée. L’intention rappelle ainsi celle du Français Scoop.It, racheté depuis par Linkfluence. Faute d’arriver à monétiser l’outil, ce dernier a fait de la solution de veille partagée une app de curation interne aux entreprises pour favoriser l’engagement des employés. De son côté, après un démarrage flamboyant, la revue de presse digitale d’un autre Californien, Flipboard, présentée sous forme de magazine personnalisé s’est aussi perdue dans les limbes. L’avantage de Google face à ces plateformes indépendantes, c’est l’absence de besoin d’une monétisation directement liée à l’app. Il n’a d’ailleurs pas (encore) intégré de systèmes publicitaire ou commercial dans son produit.
Le projet Keen est qui plus est issu du laboratoire de projets expérimentaux de Google, Aera 120 qui explore toutes les idées possibles et imaginables avant de les transformer en app. Que celles-ci réussissent, rapportent, perdurent… ou pas. L’échec est partie intégrante de ce dispositif d’innovation. Pour Keen, les équipes d’Aera 120 collaborent par ailleurs avec celles de Pair (People + AI Research) qui, comme leur acronyme l’indique, explorent les interactions entre l’IA et les humains.
Emmanuelle Delsol