Après avoir testé l’informatique quantique, le Crédit Mutuel annonce un plan d’investissement sur 3 ans pour développer les cas d’usage et passer à l’échelle. Parmi les projets, la réduction du taux d’attrition des clients. (Photo Crédit Mutuel DR)
A quelques encablures du salon VivaTech qui se tenait porte de Versailles le 14 juin, IBM France réunissait partenaires et clients à l’occasion de son événement annuel Think. Outre le désormais inévitable discours sur l’impact de l’IA générative, ce dernier a été l’occasion d’un point sur l’informatique quantique, en particulier à travers le témoignage de Nicolas Théry, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, la principale entité de Crédit Mutuel représentant environ 80% de l’activité du groupe avec des activités dans la banque (CIC, Cofidis…) et l’assurance. L’entreprise compte près de 28 millions de clients et emploie 72 500 personnes.
En novembre 2022, l’établissement avait signé un partenariat avec IBM pour explorer les cas d’usage de l’informatique quantique. « Nous déployons désormais un plan de 3 ans pour le développement et la mise à l’échelle de ces usages identifiés sur l’accélérateur quantique d’IBM en Allemagne », indique le dirigeant. Il souligne que cette localisation « était une condition sine qua non pour aller plus loin avec Big Blue sur les questions de vie privée ». Et d’ajouter sur un ton ferme : « nos données sont anonymisées et leur traitement doit être contrôlé par Crédit Mutuel ». Au terme de ces 3 ans de développement, Crédit Mutuel envisage l’acquisition d’un système quantique en propre.
Une bonne surprise sur l’analyse des taux d’attrition
Nicolas Théry est revenu sur quatre catégories de cas d’usage : la sécurité, la gestion des risques, la détection de la fraude et la compréhension des comportements clients. Dans les travaux exploratoires menés avec IBM « nous avons eu une bonne surprise sur les résultats concernant le comportement client », a observé Nicolas Théry. Cela concerne en particulier l’analyse prédictive du taux d’attrition des clients. L’informatique quantique manipule des quantités de données bien plus importantes et arrive par exemple à analyser les ressentis des clients qui ont quitté l’institution. Et contrairement à l’informatique traditionnelle, elle fonctionne par exécution de différents scénarii.
Pour réaliser les développements des trois prochaines années, l’assurance s’appuie sur sa « cognitive factory » à Strasbourg mise en place lors du partenariat avec IBM sur Watson. Le dirigeant glisse au passage, faisant écho aux discours des responsables de la firme d’Armonk : « aujourd’hui, 17% de l’activité provient de l’usage de l’IA ». Enfin, sur la partie quantique, un volet « academy » a été mis en place pour former et recruter des compétences dans le domaine.
Jacques Cheminat
Article original à retrouver sur le site de notre publication sœur Le Monde Informatique