Le chiffre d’affaires trimestriel de la firme de Mark Zuckerberg chute de 4 % au 3e trimestre et son bénéfice diminue de moitié. Haro général sur le métavers qui contribue aux pertes pour 3,672 Md$. Des dépenses qui pourraient mettre en danger son cœur d’activité, la publicité dans les medias sociaux. (Avatar de Mark Zuckerberg / Meta Connect 2022)
Une nouvelle fois, les résultats de Meta décrochent au 3e trimestre 2022 (clos au 30 septembre). Son chiffre d’affaires fond de 4 % à 27,714 milliards de dollars et son bénéfice opérationnel est quasiment divisé par deux (-46 %) à 5,664 milliards de dollars. La marge opérationnelle plafonne en conséquence à 20 % contre 36 % l’an dernier. Sans surprise, l’effet domino habituel a fait tomber l’action du Californien juste après cette annonce de 130 à 104 dollars. À la clôture du Nasdaq hier soir, il ne s’en était pas encore relevé. Début 2022, le cours boursier de Meta dépassait 325 dollars. Les marchés sont d’autant plus insatisfaits que le Gafa prévoit un chiffre d’affaires compris entre 30 et 32,5 milliards de dollars au dernier trimestre 2022, une fourchette basse par rapport aux attentes des analystes (32,2 milliards de dollars).
Un très coûteux métavers
La COO, Sheryl Sandberg a en particulier blâmé la dépréciation de l’euro face au dollar pour ces mauvais résultats. Phénomène qui touche effectivement l’ensemble des acteurs de la Silicon Valley. « À taux constant, a-t-elle précisé, nous aurions affiché une croissance de 3 % ce trimestre. » Reste que la bourse, les analystes financiers, les investisseurs incriminent tous le très controversé métavers, cœur de la nouvelle stratégie de Meta. Et pour cause. À lui seul, il contribue aux pertes du Gafa pour un montant qui n’a rien de virtuel : 3,672 milliards de dollars. Ces dépenses ont servi principalement à l’ouverture de 12 centres de recherche en AR et VR dans le monde, les Reality labs. Ces dépenses pourraient être considérées comme un investissement dans l’ambitieuse stratégie de Mark Zuckerberg, qui a d’ailleurs rappelé qu’il s’agissait d’un projet de long terme.
Mais les marchés et les investisseurs ne le voient pas de cet œil-là. En particulier dans un contexte post-covid, de guerre en Ukraine, de crise énergétique, etc. qui n’épargne pas la Silicon Valley. Et parce que Meta prévoit encore une forte augmentation de ses pertes l’an prochain. Si l’on en croit un investisseur cité par le magazine états-unien Forbes, l’inquiétude ne vient d’ailleurs pas tant du métavers en tant que tel, mais de l’ampleur des dépenses que lui consacre Meta par rapport aux potentiels revenus publicitaires attendus.
Les medias sociaux délaissés
L’activité traditionnelle du groupe, les médias sociaux, n’apporte pas non plus satisfaction. Là encore, les analystes pointent une bascule trop importante des investissements vers le métavers, alors que Meta doit faire face à la concurrence de géants comme TikTok ou au déploiement par Apple de son app tracking transparency. Le nombre d’utilisateurs actifs mensuels de la famille d’apps du groupe (Facebook, Messenger, Instagram et Whatsapp) a bel et bien augmenté de 4 % en un an pour atteindre 3,71 milliards. Et les impressions publicitaires associées ont elles aussi grossi de 17 %. Mais leur prix moyen a plongé de 18 %.
Les efforts de Meta dans ses médias sociaux reposent principalement sur ses formats de vidéos permanentes d’Instagram, les reels. Le Californien les a développés pour contrer le Chinois TikTok dont l’attractivité auprès des marques ne cesse de croître. Ces vidéos génèrent un CA annuel estimé à 3 milliards de dollars (revenu run rate). Meta indique aussi investir dans les algorithmes d’IA autour de ces réels qu’il met déjà en avant par rapport aux images fixes et aux éphémères stories.
Une stabilisation des effectifs
Enfin, pour une entreprise cotée, des résultats décevants riment en général avec des coupes claires dans les effectifs. Pour l’instant, la firme de Menlo Park ne souhaite pas s’engager dans cette voie, mais elle veut drastiquement réduire ses embauches. Elle comptera fin 2023 le même nombre d’employés qu’aujourd’hui. Fin septembre, elle employait ainsi 87 314, soit 28 % de personnes de plus qu’un an avant.
Emmanuelle Delsol