En 2020, la French Tech a levé 5,4 Md€, se plaçant 2e en Europe. Dopées malgré la pandémie, les start-ups françaises ont bouclé des tours de table de 8,7 M€ en moyenne. Les montants supérieurs à 50 M€ représentant même près de la moitié de la valeur totale des opérations. (Photo EY)
Il semble bien que la French Tech soit immunisée face à la pandémie qui frappe le monde depuis un an, voire qu’elle soit dopée par elle. En effet, non seulement l’écosystème n’a pas trop souffert en 2020, mais il a attiré davantage de fonds que les années précédentes. C’est ce que constate le cabinet EY dans son baromètre annuel sur l’état de santé de l’écosystème français de start-ups. Il rappelle que l’an dernier, les start-ups françaises ont engrangé un total de 5,4 Md€ en 620 levées de fonds, en hausse de 7 %. Comme beaucoup de jeunes pousses high tech dans le monde entier, elles ont profité de l’engouement des internautes confinés pour les loisirs et les jeux vidéos, de la nécessité impérieuse pour les entreprises de se doter d’outils collaboratifs pour le télétravail ou d’assurer la relation avec leurs clients à distance.
8,7 M€ en moyenne par tour de table
Ainsi, les trois entreprises du numérique qui ont réussi les 5 levées les plus importantes de 2020 sont le studio de jeux mobiles Voodoo (400 M€ estimés, non validés par l’entreprise), l’éditeur de marketplace Mirakl (256M€) et l’outil d’analyse d’expérience ContentSquare (173 M€). Toutes trois valorisées plus d’un Md$ sont donc éligibles au très enviable titre de licorne. Les deux autres jeunes pousses du top 5 sont l’éleveur et transformateur d’insectes en aliments pour animaux Ynsect (190 M€) et le label durable Ecovadis (182 M€).
La France se place en deuxième place en Europe juste devant l’Allemagne avec 5,2 Md€ levés, mais encore loin derrière le Royaume-Uni, en tête avec 12,7 Md€. La progression du montant des tours de table de la French Tech est d’autant plus impressionnante qu’elle va de pair avec une baisse de 16% du nombre d’opérations réalisé. Ce qui reflète donc une augmentation forte des tours de table individuels. Le montant moyen d’une levée de fonds en 2020 s’est ainsi établi à 8,7 M€ contre 6,9 M€ en 2019. Selon EY, les levées supérieures à 50 M€ représentent même 2,4 Md€, soit près de 45 % du total de 2020 avec près de 90 % de hausse par rapport à 2019.
L’espoir de voir les scale-ups grossir
Se projetant dans l’avenir, le cabinet EY voit dans cette tendance une raison d’espérer voir les levées de plus de 100 M€ se multiplier. Elles ont déjà quadruplé en valeur entre 2019 et 2020. Si cette tendance se confirmait, elle pourrait réduire les risques de disparition des start-ups les plus prometteuses dans le giron de grandes entreprises, souvent internationales. Ces scale-ups pourraient au contraire se développer en autonomie avec les fonds levés.
La moitié des montants alloués à des start-ups en 2020 sont allés à des éditeurs de logiciels et à des services internet, même si le montant est en légère baisse. Et les trois quarts concernent des entreprises franciliennes. La deuxième région, Auvergne-Rhone-Alpes ne représente que 8 % du montant total. Enfin, EY isole les fintechs qui affichent une insolente croissance de 57 % avec 622 M€ contre 397 M€ en 2019.
Emmanuelle Delsol